24 heures – Article 01.2019

Un sauna sur roues se pose au bord du lac

La plage de la Maladaire accueille l’initiative de quatre adeptes. Le résultat est enchanteur. Reste à le pérenniser. Dans la moiteur et la chaleur bienfaisantes du lieu, les respirations se font intenses. La baie vitrée du nouveau sauna temporaire, aménagé dans une ancienne roulotte et ouvert le 19 janvier sur la plage de la Maladaire à La Tour-de-Peilz, prolonge le bien-être avec une vue panoramique sur le lac, les Dents-du-Midi, Saint-Gingolph (VS) et la côte française qui s’illumine peu à peu en cette fin d’après-midi.

Le manteau nuageux rendu orangé par le coucher de soleil ajoute à l’ambiance vaporeuse et contemplative du moment. Pour redescendre en température, les plus courageux optent pour le lac auquel on accède en quelques marches. Les plus frileux se limitent à la douche. Dans la buvette voisine, celle du camping en période estivale, on retrouve ses affaires au vestiaire, on reprend son souffle autour d’une bière ou d’un thé, on engage la conversation devant la cheminée. Une heure ou deux de détente absolue. Bienvenue à «Steam on the water» (Vapeur sur l’eau), une allusion au succès mondial «Smoke on the water» de Deep Purple, inspiré de l’incendie du Casino de Montreux en 1971 et véritable hymne de la cité du Jazz.

De trois projets à un

La belle initiative saisonnière court pour l’heure jusqu’en avril, avec l’accord des gérantes du camping et de son restaurant dont les activités reprendront dans la foulée. Mais elle ne demande qu’à reprendre dès le mois d’octobre. Elle est le fruit d’un quatuor de la Riviera qui ne se connaissait pas il y a trois mois encore. Et voilà trois embryons de projets, à Vevey, Montreux et La Tour-de-Peilz, qui ont fini par n’en faire plus qu’un. Les quatre partagent de longue date le plaisir du sauna. Qui par pur plaisir, qui par ses origines. «Dans mon bled allemand de Schopfheim (ndlr, 20’000 habitants, soit la population de Vevey…), il y en a trois publics», lance le jovial Ilja Bock à l’accent germanique. Quant à Théo Bellmann, de mère finlandaise, il est tombé dans le sauna familial quand il était petit.

«C’est un rêve qui se réalise», soupire pour sa part Line Bachmann. «Sans compter le plaisir des premiers retours, ajoute la Montreusienne Carole Mury. Nous avons aussi la volonté d’offrir une activité à ce lieu magnifique mais désert en hiver», ajoute l’habituée du sauna de Nyon, dont s’inspire celui de La Tour-de-Peilz.

Le sauna – impeccable – d’une capacité d’une quinzaine de personnes et la buvette au toit et à l’isolation refaits fleurent bon le travail bien fait. Celui d’Ilja Bock en l’occurrence, menuisier de formation, et qui n’a pas compté ses heures avec Line, sa compagne. «Avant même le feu vert de la Municipalité du 17 décembre, j’ai commencé à transformer la roulotte, dont je n’ai gardé que le châssis, raconte-t-il. Parce que j’étais convaincu que ça allait marcher.» Pour démarrer la saison au plus vite aussi.

Pour l’équipe de «Steam on the water» (une dizaine de bénévoles), le challenge est maintenant de couvrir les frais engagés et pérenniser l’opération. Les calculs disent qu’il faut une trentaine de passages par jour d’ouverture. Un score difficile à atteindre d’ici à avril, reconnaissent les associés.

Coopérative en vue

Pour l’heure, Ilja et Line sont formellement propriétaires du sauna. En sus du travail effectué, leurs économies ont été largement engagées dans l’achat de la roulotte et du matériel, auxquelles s’est ajoutée une aide de La Tour-de-Peilz (7000 fr.). Le plan financier se décline en deux temps: une coopérative à créer «au sein de laquelle tout membre pourra acheter une ou plusieurs parts» et une démarche de financement participatif.

Jusqu’ici, aucun effort particulier n’a été mis sur la publicité, mais cela va changer. Chloé, de passage jeudi, a appris l’existence du lieu par une amie: «J’ai tout de suite pris un abonnement jusqu’en avril. Je travaille à Montreux, c’est sur mon trajet de retour à La Tour-de-Peilz. J’espère y venir deux à trois fois par semaine», se réjouit-elle. Même enthousiasme pour Raphaël, de Vevey: «C’est déjà magnifique ici en été, paisible de surcroît en hiver. Il ne manque que la neige pour compléter le tableau.»

Article du 24 heures, parution du 27 janvier 2019